polyphonies
L’œuvre de Michèle Causse est récit polyphonique, convocation d’une langue dans la multiplicité de ses registres d’écriture et de ses puissances poétiques. Espace singulier où s’articulent fables, textes théoriques, pièce de théâtre, poèmes, manifeste d’une obsolescence des genres, des frontières et des partitions mortifères.




Polyphonies


Contre le sexage 

« Il existe, c’est le moins qu’on puisse dire, une tension entre le concept d’égalité qui présuppose une similitude et le concept de sexe qui présuppose la différence. De sorte que l’égalité sexuelle devient une contradiction dans les termes. "Egal à" signifie en viriocratie "semblable à".
La Loi soumet la dividue à un standard mâle et appelle cet abus l’égalité des sexes. 
» p.81
éditions Balland, coll. Le Rayon, 2000


 

Voyages de la Grande Naine en Androssie

« Ensemble d’une mer à l’autre elles vont écouter les Grandes Parolières. Celles qui n’ayant jamais eu peur de parler ni d’errer disent "ni la ruse ni la force ne feront la loi qui sera celle du cœur ou ne sera pas". Celles qui disent "là où est la parole là est le lieu". Et en tel leu se tiennent. » p.265 éditions Trois, 1993

 


L’Interloquée

« L’androlecte est en effet un soliloque. C’est la production mentale, disons la pathologie langagière, de l’Andros qui, victime d’une faille principielle, n’a pas su, pas pu, pas voulu accéder au chiffre deux et qui, s’étant érigé en seul locuteur, n’a pas eu d’autre interlocuteur que lui-même. Avant même de parler, une femme en "Androlecte est inter-loquée". Soit au sens propre "interdite-interrompue". Le dictionnaire – depôt sacré des mots de l’androlecte – ne donne-t-il pas comme exemple cette phrase, ô combien illuminante: "Faute d’interlocuteur, elle se parlait à elle-même". (Petit Robert, Léon Bloy). Bécassine ayant cru sans doute dans le langage comme communication. » p.15 éditions Trois, 1990

 

A quelle heure est la levée dans le désert ?

« Jane: Le rêve n’est pas d’être sur la terre promise mais de savoir qu’on peut l’atteindre. Ma terre a un nom de femme. Mais je ne sais pas lequel. Je ne l’ai jamais prononcé. Un nom qui soit à l’origine des phénomènes. Un nom qui signifie Dieu. » p.93 éditions Trois, 1989


 

    


(          )
« L'une à l'autre fatales
sorcières sourcières nous redoublant
afin que l'une (l'autre) se rassemblant se ressemblent
familièrement étrange
abdiquant devant l'étrangeté surprise à chaque détour.
» éditions Trois, 1987

 

 


Postface Djuna Barnes

« Je gratte à la porte. Djuna Barnes m’ouvre. Le voulant ne le voulant pas, elle me donne son visage. Je n’ai pas le regard structuraliste appliqué à la prospection, au sondage. Mais je vois. Sans autre touche funéraire que le rouge de ses lèvres, le visage de Djuna Barnes livre sa passion des contenus. Et je découvre que la vieillesse ne nivelle pas: elle burine, rehausse, érode, met à jour ce qui sous-tendait la beauté et ne se voyait pas: l’étai. N’étant maquillé que de sa violence le visage révèle sa matrice première. » p.142 éditions Flammarion, 1982


Stèle de Jane Bowles

« Mobile? Déprimante? Certes. (Ainsi de Carson Mac Cullers, d’Anna Kavan, de Jean Rhys…) Une femme n’est-elle pas, par destination historique, celle que rien ne valide alentour ? Dès lors, comment son écriture ne témoignerait-elle pas de l’"horror"? La femme – l’écrivain en particulier – se doit d’être plus grande que la peur instillée par l’extranéité. Sa blessure devenant, pour reprendre l’expression de Jabès "le postulat énergétique de l’écriture": une écriture qui est elle-même le sommet. Fût-elle, comme c’est le cas ici, plane, sobre, laconique, douce, moite, elliptique, apeurée, EXILEE. » p.44 éditions Le Nouveau commerce, 1978

 

L’Encontre

« A. dit que
les corps eux-mêmes se divisent en deux catégories dites aussi genres, celle des protubérances antérieures supérieures ou P.A.S. et celle des protubérances antérieures inférieures ou P.A.I.
Cette différence dans la forme des corps
/répartition de la matière/
donne lieu à des variations radicales dans l’ascension de l’Echelle.
dit même
à une radicale DIFFERENCIATION des échelles.
 » p.26, éditions Des Femmes, 1975

    
  

 

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